«Atèr là, céramique» est une résidence en milieu scolaire, portée en 2014/2015 par le musée de Villèle, soutenue par l’Académie de la Réunion et la commune de Saint-Paul. Elle est axée sur L’OBJET PARODIE ET DETOURNE, à partir des collections du musée de Villèle, poursuivant le travail de réflexion sur le motif et sur l’objet hybride engagé lors d’une première résidence au musée de Villèle, « Archéologie absente » en 2012/2013.
Les collèges Bourbon et Ravine des cabris ainsi que le lycée Ambroise Vollard et le lycée professionnel des Roches Maigres ont participé à cette résidence.
L’OBJET PARODIE ET DETOURNE
Lors de la première résidence, Alice Aucuit se confronte à la mémoire du lieu au travers de la personnalité ambiguë de Mme Desbassayns, du mécanisme mercantile de l’esclavage ou encore des multiples influences religieuses. Pour ce deuxième acte, Alice s’intéresse de plus prêt aux collections du musée.
Le fusil attribué au tristement célèbre chasseur d’esclaves François Musard et un ensemble de 12 assiettes en faïences fines du XIX éme siècle, ornées d’un décor imprimé du roman « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre, ont été retenus par Alice comme base de réflexion à deux productions personnelles, présentées dans ce pavillon. Le travail de création avec les scolaires, est quant à lui axé uniquement sur le service d’assiettes.
Deux ensembles de 6 assiettes
Ensemble de 12 assiettes en faïence fine au décor historié de « Paul et Virginie », manufacture Creil & Montereau, entre 1849-1867. (Exposées à l’étage) Inv. 1990.28.1 à 12. Musée Historique de Villèle.
Propos d’Alice : « Je détourne ce service de la manufacture Creil & Montereau en faïence fine, qui voulait imiter la blancheur de la porcelaine dont on ne connaissait pas encore le secret, en le réalisant cette fois-ci bien en porcelaine mais en imitant l’assiette en carton. Clin d’œil à la référence papier du roman Paul et Virginie mais surtout à l’évolution des arts de la table et de nos comportements alimentaires. L’iconographie du roman Paul et Virginie est largement présente dans les collections du musée de Villèle et du musée Léon Dierx. Je me suis amusée à parodier avec humour ce roman vertueux, vision pessimiste de l’existence, exprimant la nostalgie d’un paradis perdu.
Avec la technique du collage, je joue sur les anachronismes en ramenant les personnages dans notre société où la morale courbe volontiers l’échine face à une économie de marché et où l’amour ne dure qu’un clic. J’ironise sur l’évolution de la nature, notre impact sur cette dernière et les dérives de notre culture. Ces personnages d’un autre temps, implantés dans notre actualité nous invitent à prolonger la réflexion de Bernardin de St Pierre sur la confrontation de la nature à la culture…
Exemple, la première scène, celle de « L’enfance » d’après Louis Lafitte; Ici on transforme les éléments de composition originale avec les mêmes éléments mais contemporains ainsi le couffin devient une poussette, le rouet un ordinateur, l’esclave un tracteur, la kaz un HLM….. Marie ne tisse plus un fil mais veille sur la toile les possibles méfaits de cette transformation de la société
Ainsi, avec « La danse » d’après Jean Marlet, une scène d’enfance heureuse et insouciante transposée dans un décor urbain se charge d’un discours social interrogeant la place de la culture et du folklore dans notre société.
Pour « Le passage du torrent » d’après Pellerin, Paul et Virginie traversent une rivière polluée des déchets de l’activité humaine : batterie de voiture, couches culottes, canettes… Au loin une centrale nucléaire pose la problématique de la production énergétique et des choix de société qu’elle implique… »
Dans la quatrième scène, « La lettre » d’après Pellerin. Lithographe, on réimplantes les protagonistes du roman sur la route en corniche. Le gouverneur Labourdonnais symbole de l’autorité politique annonce ici le départ de virginie via un smartphone. Cet composition évoque la situation actuelle de la construction de la future route du littoral qui semble pour beaucoup nous avoir été imposé par les autorités supérieures.
« Les Adieux » d’après L. Turgis Jeune , même process, j’ai installé les personnages initiaux dans une cité béton pour nous renvoyerà la problématique du logement à La Réunion et particulièrement pour les gens à faible revenu. Ici Virginie doit quitter l’île pour la Métropole aidée par LADOM elle va prendre l’avion afin de trouver une meilleur situation
Dans la dernière scène du roman, »La mort » d’après Michel Lambert, j’ai ajouté deux faits de l’actualité brulante qui évoquent d’une certain manière la mort. La problématique du requin avec de nombreuses victimes et les polémiques qu’elle soulève amenant à la division de la population. Et celle de la nouvelle route du littorale qui amène la mort de tout un écosystème marin et l’enterrement sous le béton du village de la grande Chaloupe ainsi que le déni d’une population qui n’est pas favorable à ces grands travaux
Je propose 2 versions du service « Parodie », une utilisant la technique traditionnelle chinoise, peindre à la main avec le bleu de cobalt sous couverte. La deuxième version utilisant la technique moderne du transfert d’image par chromos.